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Autopsie d'une mémoire

Bienvenus! En cadeau de fin d'année, les mécano ont travaillé avec passion à la construction de ce nouvel itinéraire. Le plaisir de contribuer n'ayant d'égal à leurs yeux que le plaisir de partager, les voilà installés dans le train qui nous mènera au coeur d'un sytème ultra-complexe et immensément fragile : la mémoire. Nous allons emprunter les voies neuronales pour serpenter d'aires cérébrales en aires cérébrales et tenter de comprendre les mécanismes qui sous-tendent notre mémoire. 

Ha oui, et comme à priori les voyages sont plus heureux (et plus digestes) en couleurs qu'en noir et blanc, vous trouverez par-ci par-là de lumineux points colorés qui ponctuerons nos propos. 

Nous vous avions évoqué qu’il existe plusieurs mémoires. Ce qui nous intéresse ici est le fonctionnement de la mémoire à long terme, et pour l'appréhender au mieux, nous ferons de nouveau un tour du côté de la mémoire à court terme. 

Nous ("nous", pas nous personnellement, mais la communauté scientifique) avons pensé pendant quelques temps que pour pouvoir atteindre la mémoire à long terme et y être stockée et consolidée, il fallait que l’information passe par la mémoire à court terme, qu'il s’agissait là d’une étape préalable. Toutefois, à la suite de l’observation de certains « cas » bien connu dans le monde de la neuropsychologie, il a été possible d'envisager que ce fonctionnement n'était pas le seul.

Grâce à l’étude d’un jeune homme, appelé le patient H.M, il a été possible d’observer que la mémoire à court terme pouvait fonctionner sans la mémoire à long terme et inversement, que la mémoire à long terme pouvait fonctionner sans la mémoire à court terme. C’est le modèle de Shallice et Warrington (1979) qui va proposer un fonctionnement « en parallèle » de la mémoire à court terme et mémoire à long terme. Dans ce modèle (concernant la mémoire auditivo-verbale), il semble que pour les auteurs, le stockage en mémoire à court terme est principalement phonologique. A contrario, le stockage à long terme requiert un traitement sémantique. En résumé, les choses seront mieux stockées si elles sont comprises et que l’on y met du sens. 

Notre train s'élance maintenant à pleine vitesse. Nous voyons passer une multitude de paysage tous interconnectés par une multitude de faisceaux : l'hippocampe, le thalamus, le cortex cingulaire, l'hypothalamus... Toutes ces structures sont concernées par les étapes qui nous permettent de transformer une information en souvenir.

Ralentissons et observons. Pour reprendre les données issues de notre article précédent, la mémoire à long terme comporte plusieurs étapes :

-          L’encodage 

-          Le stockage

Ces deux étapes sont organisées autour de plusieurs axes (sémantique, spatiale, temporelle, affective).

-          La consolidation 

La consolidation des informations dans le temps dépendra d’une part de l’importance émotionnelle de l’information puis d’autre part de la répétition de l’information. 

C’est le « circuit de Papez » qui permet anatomiquement ces étapes. On le retrouve de manière identique dans les deux hémisphères. Il est dit "bilatéral et symétrique". 

Mais qu’est ce que c’est le circuit de Papez ? Comme son nom l'indique, il s'agit d'un circuit, c'est à dire d'un parcours. Un parcours qui comprend plusieurs structures cérébrales reliées entre elles par tout un tas de neurones qui s'activent lors d'une tâche d'apprentissage par exemple.

L’information va passer d’une structure cérébrale à l’autre par des transmissions de neurones que nous vous avons évoqué dans l’article précédent. Les transmissions entre neurones se faisant par des messagers chimiques de différent type (l’acétylcholine étant l’un des plus important dans ce circuit). Ces transmissions vont peu à peu modifier les neurones et leurs synapses (les connexions entre les neurones). C’est ce qui se passe lorsque l’on apprend. 

Anatomiquement, voilà ce qu’il se passe entre les structures qui composent ce circuit : l’information va partir de l’hippocampe, puis passé dans le fornix et les corps mamillaire, rejoignant par le faisceau mamillo-thalamique, les noyaux antérieurs du thalamus pour finalement arriver au gyrus cingulaire. Le souvenir est donc consolidé grâce au renforcement des connexions entre l'hippocampe et les autres structures. 

  

Regardez, maintenant que l'information reçue a circulé dans les structures concernées par les tâches d'encodage, de stockage et de consolidation, elle est devenue un souvenir et fait maintenant partie de la mémoire « des faits anciens » (à la base de notre identité). Mais comment cela se fait-il ? 

Lorsque nous observons toujours le « cas prototypique » (le célèbre patient H.N souffrant d’une amnésie) ayant fait avancer la neuropsychologie dans le domaine de la mémoire ; nous avons pu observer certaines choses : il semblerait que le circuit de Papez (situé dans les régions temporales du cerveau, c’est à dire sur le côté), fonctionne avec d’autres régions du cerveau pour mettre en mémoire et retenir l’information et cela pour des informations récentes. Mais, il semblerait que lorsque les souvenirs sont bien consolidés, le circuit de Papez n’est dès lors plus utile. Ces autres régions fonctionneraient de manière autonome et permettraient de garder les souvenirs anciens. Ainsi, ces souvenirs anciens seraient préservés car ils sont devenus indépendants du circuit de Papez. Et si celui-ci est atteint comme cela est le cas dans la maladie d’Alzheimer, il n’y aura donc plus d’encodage et de stockage de l’information sur des données récentes mais des souvenirs anciens bien consolidés ailleurs (dans une autre région du cerveau).

Lorsqu’une personne présente des difficultés d’encodage ou de stockage de l’information ou des expériences vécues, on réalise un bilan d’évaluation pour « localiser la panne ». Pour cela le psychologue utilise une batterie de tests fiables et validés en plus du recueil du récit anamnestique. A la suite du bilan et si celui-ci met en évidence des difficultés on propose des séances de validation et des entretiens d’accompagnement pour : travailler ensemble sur les difficultés repérées et trouver des solutions les plus cohérentes avec le mode de vie de la personne, donner de l’information à la personne et à sa famille pour aménager l’environnement et aider à comprendre le fonctionnement du patient. 

Lors des séances de validation par exemple, nous proposons aux personnes ayant des difficultés, des exercices pour entrainer et soutenir les fonctions préservées et des outils pratiques pour contourner les fonctions déficitaires. Nous mettons également l’accent sur le rôle de l’attention dans ces processus complexes et proposons des outils et des stratégies pour faciliter l’attention. 

 

Les autres étapes que l’on peut évoquer lorsque l’on aborde la mémoire sont : 

-          La récupération 

-          La reconnaissance 

 

Lorsque l'on voit un objet connu, avec lequel nous avons "une histoire" (par exemple, le parasol avec lequel nous partons toujours en vacances, la première paire de ski que nous avons eu, la tasse en porcelaine de la grande tante...), l'image de cet objet est en premier transmise par l'oeil au cortex visuel primaire (derrière la tête), puis l'image est transférée via la voie visuelle ventrale jusqu'au cortex chargé de la mémorisation des objets (et qui répond au doux nom du cortex périrhinal), celui-ci se connecte à l'hippocampe qui réactive le souvenir au niveau d'une nouvelle structure qui est chargée de la mémorisation du contexte (le cortex parahippocampique) et qui est tout aussi impliquée dans la consolidation des souvenirs. 

 

Mais je vois le terminus se profiler devant nous, arrêtons là notre voyage. Nous reviendrons rapidement pour suivre de nouveau les méandres de la mémoire. Pour l'heure, descendons du train et retrouvons le quai bondé des départs en vacances. 

 

Rappelons ici que nos articles n'ont pas valeur de diagnostic et ne remplacerons jamais une consultation chez un spécialiste. Si par contre vous avez des questions, si vous souhaitez éclaircir une situation que vous vivez, ou qu'un de vos proches vit, nous sommes à votre écoute. 

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