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DYS? pour qui? pour quoi?

Embarquons aujourd'hui dans le train "le monde des DYS". Ce voyage a pour but une plongée dans un monde un peu différent du monde général. Il s'agit d'un monde où la double tâche peut-être couteuse, où l'attention est fortement sollicitée, où certains apprentissages ne peuvent pas s'automatiser. Un monde où l'intelligence est présente partout, la volonté est de fer, un monde où l'imagination peut-être débordante!

 

Pour illustrer cet article, nous avons eu l'autorisation d'utiliser ce magnifique dessin réalisé par Patricia, du site Espace Ckoya Coaching et qui représente toutes les parties du cerveau concernées par les tâches du quotidien.

 

Et bien maintenant, nous voilà partis!

 

Premier arrêt en gare : qu'est ce que "DYS" peut bien signifier?

"dys "exprime le trouble, la difficulté. C'est ce que nous allons constater dans cet article.

"dys" pour trouble de l'apprentissage. Difficulté à acquérir certaines compétences et à les automatiser.

"dys" pour dysfonctionnement de certaines fonctions cognitives spécifiques.

"dys" signifie aussi "trouble développemental" à la différence d'un trouble acquis. Lorsqu'en neuropsychologie, dans la littérature, les comptes rendus, les discussions vous lisez ou vous entendez un trouble qui commence par la lettre "a", nous parlons de "a" privatif et cela concerne une lésion acquise type "apraxie ; agnosie ; amnésie..." lorsqu'il s'agit d'une difficulté développementale on parle de "dys" : "dyspraxie..."  

Plus généralement, nous employons le terme de "dys" pour parler des troubles des apprentissages induits par le fonctionnement original de  fonctions cognitives spécifiques.

 

Le second arrêt concerne l'origine de ces troubles et leurs manifestions.

Il s'agit d'un trouble dit "développemental". C'est à dire qu'une zone du cerveau s'est développée d'une façon originale et que l'information y est traitée ou retransmise de façon atypique... Et là, prenez garde au marche-pied à la descente du train! Il n'est ni question d'éducation, ni question de paresse! C'est une question consti-tu-tive! La volonté, les "heures de colle" et les "privé de récrée", "privé de dessert" ne changeront rien à la constitution cérébrale des personnes concernées. 

 

Ces troubles cognitifs spécifiques apparaissent au cours du développement de l’enfant, parfois de façon précoce dans son développement et persistent tout au long de la vie. Ils ont des répercussions sur la vie scolaire, professionnelle et sociale.

Certains de ces troubles affectent les apprentissages précoces (langage, geste), alors que d’autres affectent plus spécifiquement, affectent les apprentissages scolaires comme le langage écrit, le calcul. Ils sont le plus souvent appelés troubles spécifiques des apprentissages.

  

On peut regrouper ces troubles en 6 catégories :

- Les troubles spécifiques de l’acquisition du langage écrit, communément appelés dyslexie et dysorthographie.

- Les troubles spécifiques du développement du langage oral, communément appelés dysphasie.

- Les troubles spécifiques du développement moteur et/ou des fonctions visuo-spatiales, communément appelés dyspraxie.

- Les troubles spécifiques du développement des processus attentionnels et/ou des fonctions exécutives, communément appelés troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité.

- Les troubles spécifiques des activités numériques, communément appelés dyscalculie.

- Les troubles spécifiques du développement des processus mnésiques.

 

Ces troubles n'ont rien à voir avec le fait que l'enfant "aime" ou "n'aime pas" l'école ou avec le fait qu'avant l'école il n'avait pas de dysfonctionnement... L'école peut être révélatrice des troubles car elle confronte l'enfant à des acquisitions spécifiques qui utilisent les zones dysfonctionnelles du cerveau de l'enfant. 

Lorsque nous recevons l'enfant en consultation, une des premières questions que nous posons à l'anamnèse c'est de demander à l'enfant s'il aime l'école. Car lorsque l'on n'aime pas quelque chose c'est souvent qu'on y est en difficulté. Souvenons-nous qu'il n'existe pas d'enfant feignant... alors, lorsque la plainte est récurante, quotidienne, que l'enfant pleure pour ne pas y aller (école, activités parascolaires...) questionnons-nous sur le sens de ces pleurs et de ces plaintes. Cacheraient-elles des difficultés?

Pour exemple, notre collègue parle de ses capacités plutôt discutables à ski elle nous dit "pour ma part, en dehors du champ scolaire, la piste noire en ski je n'y prends vraiment aucun plaisir. Pourquoi? Parce que je suis archi nulle en ski ! donc je n'aime pas, j'ai pas envie d'y aller... Et si on m'y mettait tous les matins, ça serait vraiment un supplice pour moi!"

Depuis les fenêtres de notre train, observons notre environnement et questionnons-nous sur toutes les situations dans lesquelles nous n'aimerions pas être... pas parce que nous n'en avons pas envie... mais parce qu'elles nous mettent en difficultés... 

 

Qu'en est-il du diagnostic?

Le repérage de ces dysfonctionnements, leur dépistage et leur diagnostic sont déterminants pour assurer une meilleure qualité de vie à l'enfant et à sa famille. 

Nous parlons ici de qualité de vie au sens globale : estime de soi préservée, capacité d'apprentissage retrouvée, autonomie dans la vie quotidienne.

Alors diagnostic? Oui mais comment? Et par qui? Plusieurs professionnels sont habilités à participer au diagnostic des troubles dys. En fonction des difficultés présentent, l'enfant ne sera pas orienté vers les mêmes professionnels. L'orthophoniste sera contactée pour évaluer un trouble du langage écrit ou du langage oral et pour les dyscalculies, un ergothérapeute ou psychomotrien pourra réaliser le bilan d'une personne présentant un trouble spécifique du développement moteur, un psychologue formé à la neuropsychologie s'occupera d'évaluer le fonctionnement cognitif, les capacités attentionnelles, mnésiques, et les fonctions exécutives (nous parlerons plus tard plus en détail de ces fonctions exécutives, véritable chef qui orchestre l'ensemble des fonctions et donc de nos productions (écriture, organisation, lecture, mathématique, cuisine, apprentissage...)).

Le chef de gare informe l'ensemble des passages de ce train que tous ces bilans sont complémentaires car un "dys" peut en cacher un autre.

 

Et, aussi certainement que vous devez avoir oblitéré votre titre de transport avant de monter dans le trains, TOUS les professionnels que vous rencontrez doivent utiliser des tests validés scientifiquement, normés et standardisés. 

 

Il est également très précieux de pouvoir travailler en interdisciplinarité pour un accompagnement le plus complet possible. Cela ne peut être fait que lorsque la personne et ses représentants légaux ont donné leur consentement. L'interdisciplinarité permet aussi d'avancer par exclusion. C'est à dire, qu'à l'issu d'un bilan, si toutes les difficultés attentionnelles sont écartées, il est possible qu'il s'agisse d'une dyspraxie

Nous passerons un peu plus de temps sur le bilan neuropsychologique dans un article à venir.

 

Nous arrivons vers la fin de ce premier voyage. Mais avant de nous séparer, arrêtons-nous un instant sur la "remédiation" car il serait assassin de poser un diagnostic sans rien proposer. 

Nous allons vous parler ici de la remédiation du point de vue du psychologue spécialisé en neuropsychologie. 

Dans le cas où les bilans mettent en évidence un trouble "dys" et où les capacités intellectuelles sont préservées (bilan d'efficience intellectuelle réalisé par le psychologue scolaire, par le centre psychologie-neuropsychologie05 ou chez le psychologue de votre choix) la psychologue sera en mesure de proposer des séances de remédiation cognitive.

Dans ces séances, la personne concernée directement par les troubles pourra prendre connaissance d'outils et de méthodes pour contourner ses difficultés et faciliter certains apprentissages. Nous pouvons associer dès le début de ces rencontres un travail en gestion mentale

Nous mettons également l'accent sur l'importance de l'environnement et de son aménagement. Car, comme le dit le Docteur Alain Pouhet, l'environnement joue un rôle déterminant dans le handicap. En effet, d'après lui, une personne qui vit dans un pays chaud, mange sans forcement utiliser de couvert et garde un troupeau (sans devoir compter les bêtes) n'est pas dyspraxique. La même personne, qui vit dans un pays plus froid, qui doit se vêtir de façon compliquée (cravate, chaussures à lacets...), qui mange quotidiennement avec des couverts et qui doit utiliser stylos et autres outils du genre, est fortement handicapée. Pourtant il s'agit de la même personne, seul l'environnement change... Apprenons alors à adapter notre environnement pour limiter l'expression du handicap.

 

Enfin, nous voici à la fin de ce premier voyage, le terminus pourrait s'appeler "soutien psychologique aux personnes concernées".

Lorsqu'une personne est concernée par un handicap, la totalité de son entourage est touchée et cela a un coût psychologique colossal.

Il s'agit d'entendre et d'intégrer le diagnostic de handicap, de revoir peut-être le projet de vie, l'organisation de la famille, les activités, le projet scolaire... Et puis il s'agit de décalage entre ce que l'on rêvait et la réalité, d'épuisement à se faire entendre auprès des institutions, de découragement lorsqu'on voit les personnes que l'on aime le plus au monde souffrir d'évoluer dans un environnement inadapté (voire niant la réalité du trouble). Le soutien, l'accompagnement, l'écoute permettent de déposer ses doutes, ses peurs, ses joies et ses réussites. Dans les entretiens, nous avons la volonté de prendre soin de l'estime de soi, des compétences préservées en même temps que nous entendons les difficultés que vivent les personnes. L'accompagnement psychologique ne passe pas exclusivement par la voie "verbale" et s'adresse à tous quelque soit l'âge.  

 

Pour aller plus loin, nous relayons deux vidéos sur le syndrome de la dyspraxie. L'une d'une durée de 26 minutes, Xenius, émission retransmise par la chaine ARTE et l'autre d'une heure, il s'agit d'une intervention du Docteur Michèle Mazeau, médecin en rééducation fonctionnelle, spécialiste reconnue dans le diagnostic et la prise en charge des enfants atteints de troubles cognitifs.

 

Si vous souhaitez échanger avec nous sur ce sujet, laissez un témoignage ou rencontrer un professionnel, nous sommes à votre écoute et nous prendrons le temps de vous lire et de vous répondre. A bientôt pour un nouveau départ. 

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