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Mémoire, de quoi parle-t-on?

Nous vous souhaitons la bienvenue en 2019! Depuis un peu plus de deux semaines maintenant, les jours s'allongent et bien que leur lumière porte la pâleur de certains jour d'hiver, elle nous éclaire déjà de la promesse d'un vif soleil de printemps. Nous souhaitons que cette nouvelle année soit riche d'expériences, d'émotions et d'amitié pour chacun. 

Profitons de ce voyage, pour explorer, à la lumière de cette nouvelle année, le concept de mémoire. 

Nous avons à coeur, en voyageant à vos côtés, d'éclaircir certains concepts que nous utilisons régulièrement dans nos compte rendu. 

En règle générale, nos articles ont comme visée d'éclaircir le jargon utilisé dans le domaine de la psychologie et neuropsychologie. Espérons que celui-ci vous permette d'y voir un peu plus clair. 

Prenons place aux côtés de Monsieur Tulving, neuropsychologue canadien, éminent chercheur tombé dans la marmite de la mémoire un peu par hasard et à qui nous devons entre autre la définition de la mémoire épisodique, qu'il différencie de la mémoire sémantique. Mais là nous allons trop vite....

 

Depuis les observations du neuropsychologue canadien Endel Tulving, dans les années 1990, nous faisons références à cinq systèmes en interaction lorsque nous parlons de "mémoire".

Nous avons une compétence qui nous permet d'acquérir des automatismes et des habilités à force de répéter certains gestes ou certaines procédures. Nous parlons alors de la "mémoire procédurale" que nous sollicitons lorsque nous ne sommes plus des débutants à vélo, lorsque nous attachons nos lacets... Les maladies de Parkinson et de Huntington, par la dégénérescence neuronale, provoque des pertes progressives de certains de ces automatismes.

Il y a un second système, nommé "mémoire perceptive", qui enregistre les informations sensorielles en réponse à un stimulus. Le toucher, le gout, l'odorat, le sensitif, la vue sont directement concernés par ce système. La mémoire perceptive ne nécessite pas que nous la sollicitions de façon consciente. Elle est plutôt automatique et s'active à notre insu. 

Vient ensuite la mémoire de travail, aussi appelée mémoire à cour terme, véritable pivot dans l'encodage et la récupération des informations, d'après Francis Eustache. Ce système joue un rôle central puisqu'il est sollicité aussi bien au moment où l'on transforme une information en souvenir (encodage) qu'au moment où l'on "utilise" le souvenir (récupération). Cette mémoire ne peut enregistrer qu'un nombre restreint d'éléments (la quantité de ces éléments s'appelle l'empan mnésique) et travaille en étroite collaboration avec d'autres systèmes de mémoire afin de transmettre les éléments qu'elle stocke pour en récupérer de nouveaux. Les informations sont conservées entre 10 et 30 secondes. 

Enfin, viennent deux systèmes complexes, tous deux appartenant à la mémoire à long terme, il s'agit de la mémoire sémantique et de la mémoire épisodique

La première concerne les connaissances générales sur le monde et sur soi (taille, âge, profession...) ainsi que ce qui se rapporte au langage et la seconde concerne les souvenirs vécus personnellement ainsi que leur contexte. La mémoire épisodique est celle qui nous donne la capacité de se projeter dans le passer et dans l'avenir. 

Vous entendrez parfois aussi parler de mémoire autobiographique. Il s'agit là de la mémoire épisodique et des connaissances sur soi. 

 

Maintenant que nous avons décortiqués ces systèmes nous pouvons regarder certains mécanismes avec plus de compréhension.

En général, l'émotion est un facilitateur de la mémorisation, c'est à dire qu'elle aide à l'encodage d'une information. A condition que cette émotion ne soit pas exceptionnellement intense, au point d'éclipser le contexte de survenue de l'événement (lieux, moment, personnes...).

Le stress post traumatique par exemple est caractérisé par un souvenir émotionnel très intense, alors que le souvenir épisodique est plus ténu. Il en résulte une distorsion des perceptions de l'événement au moment de l'événement, un surinvestissement émotionnel qui empêche les personnes qui en souffre de classer le souvenir. 

Francis Eustache (La Recherche, Hors-série n°22) nous explique comme cela se passe dans le cerveau : " l'émotion ressentie lors de l'événement active l'amygdale, petit noyau cérébral impliqué dans l'émotion, qui stimule l'hippocampe, ce qui permet de mieux enregistrer le souvenir. Ainsi l'émotion est utile au moment de l'apprentissage, car elle stimule l'activité de l'hippocampe au moment de la mémorisation. Toutefois, si l'événement vécu est trop intense en émotion, l'amygdale atteint un tel niveau d'activité qu'elle inhibe au contraire l'hippocampe, à tel point qu'en cas de TSPT (trouble stress post traumatique) cela empêche l'enregistrement de paramètres contextuels de l'événement. "

 

La mémoire est également un des berceau de l'identité. Nos souvenirs participent à notre identité. En effet, lorsque l'on se présente, que l'on parle de nous, de nos gouts, de nos expériences, nous activons notre mémoire épisodique ainsi qu'une partie de notre mémoire sémantique. Et toutes ses informations sont stockées en diverses lieux dans notre cerveau. Anatomiquement, la mémoire repose sur une architecture sophistiquée impliquant différentes régions cérébrales dévolues aux apprentissages, aux stockages et aux rappels. L’organisation neurophysiologique est aussi complexe. Elle associe des renforcements électriques des réseaux stimulés, la synthèse de protéines, la création de connexions synaptiques etc... etc...

Puis, comme le dit Bernard Croisile : "Les différentes composantes cognitives de la mémoire nous permettent de comprendre son organisation sans expliquer réellement son fonctionnement au quotidien, en temps réel. Il est ensuite impropre de dire que la mémoire s’aggrave avec l’âge ! Il est clair que certains processus se fragilisent comme la mémoire à court terme, les ressources attentionnelles nécessaires à l’encodage et à la récupération, l’apprentissage par cœur, le rappel de souvenirs épisodiques. En revanche, les stocks de mémoire sémantiques s’accroissent régulièrement avec l’âge puisque les savoirs s’accumulent même si leur récupération au moment désiré est parfois lente au point de déboucher sur le phénomène bien connu du mot sur le bout de la langue, lequel démontre que les informations sont bien présentes mais pas immédiatement disponibles (Lemaire & Bherer, 2005)."

 

Revenons à notre passager, l'éminent Endel Tulving. C'est en travaillant avec le patient KC (nous vous le présenterons prochainement) qu'Endel Turving et son équipe ont finement théorisé les concepts de mémoire sémantique et épisodique. Ce travail d'identification des structures, en jeu dans les processus mnésiques (encodage, stockage, récupération) nous permettent d'être de plus en plus performants dans l'accompagnement des personnes présentant des troubles mnésiques.

Grâce à ces découvertes, nous pouvons aujourd'hui proposer des exercices ciblés en fonction des troubles mnésiques présentés. 

 

Ce trajet avait pour objectif de vous parler de quelques termes que les neuropsychologues utilisent dans leurs comptes rendus par exemple. Nous avons fait un léger détour pour rappeler qu'aucune structure ne fonctionnement indépendamment d'une autre et que lorsqu'un trouble apparait il est important de l'identifier clairement afin de savoir quoi mettre en place pour le contourner au mieux.  

 

Que ce soit consécutif à un accident (AVC, traumatique crânien...), à une maladie chronique évolutive (maladie d'Alzheimer, de Parkinson...) ou encore développemental, les troubles de la mémoire seront toujours à considérer et quelque soit leur intensité. Grâce à un diagnostic précoce, des adaptations et des accompagnements pourront être proposés afin d'améliorer le quotidien de la personne en difficulté et de son entourage. 

 

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