Nous voilà réuni pour un nouveau voyage. Nous vous proposons d'aller visiter la construction de la pensée et de l'identité chez les enfants à haut potentiel intellectuel.
Tout d'abord, revenons un instant à notre premier voyage... nous avons complètement oublié de commencer par le commencement... C'est à dire de partager une définition reconnue et partagée du zèbre...
Reprenons notre ticket d'embarquement et lisons les petites lignes : "on tend à définir comme ayant un haut potentiel intellectuel, les individus avec un QI supérieur à 130 (mesuré par un test psychométrique administré par un psychologue dans le cadre d’une évaluation globale du développement)."
En résumé, une personne HPI est autant éloignée et différente de la moyenne qu’une personne avec une déficience intellectuelle. Il devient donc logique de croire que les d’enfants à haut potentiel intellectuel apprennent, eux aussi, différemment et que l’école n’est probablement pas adaptée à leurs besoins à tous.... replions soigneusement notre billet et installons nous pour la suite du périple.
Le voyage commence tranquillement, regardons ce nouveau paysage.
Ouvrons les yeux sur les deux types de fonctionnements qu'il est possible de rencontrer. Toutes les personnes à Haut Potentiel Intellectuel ne fonctionne évidemment pas de la même façon. Cependant, il est possible de distinguer 2 profils avec des modes d'expression différentes et un substrat neurologique différent.
Il y a le profile homogène (ou laminaire), c’est-à-dire avec un développement cognitif harmonieux et une grande facilité à apprendre. La majorité de ces enfants réussissent assez bien à s’adapter. Ils restent cependant très sensibles aux attentes des autres. Ils fonctionnent généralement bien à l’école, mais peuvent s’ennuyer rapidement s'ils manquent de stimulation, vivre de l’anxiété ainsi que des difficultés sociales (car en décalage dans la construction de leur individualité, comme nous le verrons plus loin).
Puis il y a le profile complexe, ou hétérogène, où se retrouve de grandes disparités entre les différentes capacités cognitives, ce qui peut générer des troubles d’apprentissage, moteurs ou des troubles de langage allant jusqu'à masquer la "douance". Pour la Dr Nusbaum (Centre Psyrene à Lyon), ce profil est caractérisé par un cerveau qui pense constamment, une très grande créativité intuitive et une pensée analogique qui rend la planification très difficile. La réussite scolaire de ces zèbres est très variable (de la réussite à l’échec) et dépend souvent de leur relation avec l’enseignant (quoi que dites vous? il y aurait une relation entre affect et apprentissage?!?)
Nous avançons petit à petit dans ce nouveau voyage. Arrêtons nous en plein milieu de la voie et regardons posons notre regard sur la construction de la pensée. Les jeunes à haut potentiel construisent leur pensée, la conscience du monde et la conscience d'eux-même en décalage avec les autres enfants. Ce décalage développementale va se retrouver au fil des année car ils ne comprennent pas comment fonctionnent les autres enfants (voire même certains adultes). Ces jeunes ne connaitront "l'insouciance de l'enfance" que lorsqu'ils rencontreront un guide cohérent. Pour cela, il va falloir que l'adulte s'adapte à ce décalage et à la construction spécifique du jeune. C'est à dire qu'il est cette flexibilité qui lui permette de se décaler des fonctionnements habituels pour s'adapter à la demande de cet enfant là en particulier. Fabrice Bak, dans une conférence (la vidéo ci-dessous) décrit rapidement et clairement les attentes de ces enfants et l'adaptation que doit fournir l'adulte pour répondre aux besoins de ces enfants atypiques.
En règle générale :
- de 0 à 2 ans, le rôle de la famille serait d'être une famille nourricière.
- entre 2 et 6-7 ans, la famille devient éducative : apprendre à parler, à marcher...
- de 6-7 ans à 11-12 ans la famille devient pédagogue. Elle aide et elle est présente dans les acquisitions scolaire...
- de 11-12 ans jusqu'à 18 ans, la famille devient une "famille guide" : mise en doute de l'autorité familiale par l'adolescent et intégration des règles de vie en s'y opposant.
- à partir de 18-20 ans la famille devient une famille réflexive. Les enfants devenus grands savent qu'ils peuvent solliciter leur famille quand ils ont besoin d'être accompagné dans une réflexion.
Chez les enfants à haut potentiel, les règles du jeu sont décalées.
C'est à dire :
Le bébé cherche rapidement à se nourrir seul. C'est le premier apprentissage qu'il tente de faire seul. La famille nourricière est vite remplacée par la famille éducatrice. Comme ces enfants font de nombreux apprentissages autonomes, le rôle de famille éducatrve s'arrête très tôt, aux alentours de 4 ans.
- La famille pédagogue dès ses 6 ans n'a plus de sens pour l'enfant.
- A 7-8 ans les enfants cherchent des "familles guides", aussi en s'y opposant et en testant la cohérence du cadre pour se rassurer.
Etre en phase avec leurs attentes permet de fournir un cadre rassurant et sécurisant... encore faut-il être conscient de cette évolution décalée. Nous ne pouvons pas les ralentir... "laissez les vivre leur vie d'enfants" "apprenait lui le lâcher-prise" ça n'a aucune cohérence... Ces remarques n'ont aucun sens et engendre des comportements qui ne sont pas rassurantes pour l'enfant qui a besoin de savoir qu'il peut compter sur l'adulte pour grandir à son rythme.
Notre voyage nous amène maintenant vers des terres un peu plus sombres. Lorsque l'environnement n'a pas pu être suffisamment sécurisant (par méconnaissance de la situation souvent), les richesses de ces jeunes deviennent progressivement des souffrances : empathie, fort sentiment de justice, hypersensibilité... pourraient devenir doute, passivité, forte dépréciation de ses compétences, la possibilité à traiter plusieurs informations en même temps serait perçue à l'âge adulte comme un manque de persévérance, la créativité serait vue comme une désorganisation, l'insoumission pourrait être perçue comme un problème à travailler en groupe, la grande sensibilité pourrait être vécue, sans accompagnement sécurisant, comme un vécu d'abandon, d'angoisse. Fabrice Bak questionne : "comment passe-t-on d'un enfant qui a toutes ces qualités à un adultes qui a toutes ces souffrances?" Toutes ces qualités peuvent être abimées s'il n'y a pas de guide cohérent, un cadre sécurisant, une connaissance de la situation par les "guides" mais elles seront toujours là et peuvent être restaurée par un travail d'accompagnement personnalisé.
Nous passons maintenant à côté d'un versant important de la personnalité de certaine personne HP : il s'agit du comportement de vigie, de sentinelle. Il y a un développement dans la pensée des anticipations anxiogènes et ça très tôt. C'est incontrôlable, irrépressible. Cette posture peut jouer un rôle protecteur : rapidement alerté sur l'incohérence des personnes qui s'approchent d'eux et ils sont donc moins des "proies" pour les pervers narcissiques par exemple (comme c'est le cas pour d'autres personnes à HP qui ne sont pas un mode "sentinelle" sur-investi.). Cette position de sentinelle est très rassurante pour anticiper les risques. Le poids de cette posture se situe dans le fait que la pensées est en boucle, analyse et anticipation sont constantes, il y a une hypervigilence qui mènent à l'épuisement.
Notre train arrive maintenant dans une vallée de plus en plus étroite. Les hauts pics rocheux la privent du soleil et de sa chaleur. Nous arrivons sur les terres des parts intimes, qui, privées de la chaleur du soleil et de la reconnaissance de leurs capacités , ont commencées une lente involution. Nous parlons du "syndrome de l'imposteur ": reprenons ici les propos de Fabrice Bak. Une croyance populaire voudrait que pour réussir il faut être dans la souffrance, qu'il faille payer... les personnes à haut potentiel peuvent croire que, comme elles ont réussi sans être dans la souffrance... elles sont des imposteurs et ne méritent ni leurs connaissances, ni leurs créativités, ni leurs statuts... Afin d'atténuer ce sentiment qui impact l'estime de soi, l'accompagnent s'orientera sur la valorisation de l'efficacité plus que de l'effort, s'attachera à reconnaitre que le stress peut avoir un effet stimulant car dans un temps court, toutes les capacités sont concentrées. Par contre, dans cette stratégie, on ne peut pas faire l'économie de l'angoisse. Il est du rôle des guides de permettre à la personne de connaitre sa stratégie et de l'appliquée, même si elle sort des sentiers battus. Là nous pouvons être vraiment aidant. Acceptons que certains observent, analysent vite et efficacement là où d'autres ont besoin de plus de temps d'effort. Ce n'est pas l'effort qui anime ces personne. C'est la passion. L'apprentissage est tellement lié au contexte affectif (quoi encore? Mais alors... vous le croyez vraiment?)...Soyons vigilant à ne pas tuer cette volonté d'apprendre en confondant manque de motivation et absence de méthode stimulante.
Ce train est plutôt chaotique n'est-ce-pas... à moins que le train n'y soit pour rien et que c'est le chemin que nous le forçons à emprunter qui le rende chaotique... Pourtant nous avons suivi le balisage pour avancer... mais un balisage général. Un balisage qui ne prend pas en compte les excentricités de chacun...
Là où une identité peut en cacher une autre...Le jeune se questionnera assez tôt. Il ne comprendra pas le fonctionnement des jeunes de sa catégorie d'âge. Ce n'est finalement pas si étonnant puisqu'il n'aura pas évolué au même rythme. Comme ce n'est pas un être asociale, il se questionnera sur "Comment faire pour rester en lien?" "Est-ce que je préfère être comme tout le monde pour me faire accepter ou rester qui je suis?" "Si je veux m'inclure, je dois montrer quelque chose qui plait aux autres, coller à la représentation qu'ils ont de ce qu'il "faut être"."
On observe donc la "construction d'un "faux-self". C'est-à-dire, d'une image sociale qui permet d'être accepté par les autres. On voit apparaitre différentes personnalités chez ces jeunes pour être accepté dans différentes situations... au risque d'y perdre sa propre identité.
Ces questions peuvent être abordées lorsque le jeune à HPI a pu trouver des pairs, des adultes pour l'accompagner à structurer sa penser, à discuter, à apprivoiser ses idées. Il est vivement conseillé de travailler sur la cognition avant de s'aventurer sur le terrain de l'affectif.
Le rôle du psychologue peut alors être d'accompagner à apprivoiser la façon de penser, de réfléchir, de faire des liens, d'accompagner à solidaire la structure de la pensée avant de s'aventurer dans les terres mouvantes de l'affectivité.
La personnalité a bien un substrat organique, cérébrale... alors, et le cerveau dans tout ça....
Leur cerveau fonctionne différemment de la population globale. Lors d'étude, les chercheurs ont pu visualiser que les personnes à haut potentiel distribuent leurs ressources cognitives plus efficacement. Leur cerveau semble fonctionner de façon plus cohérente, avoir plus de connexions de neurones et une vitesse de conduction plus rapide. pour approfondir la question, je vous dirige sur le document réalisé par Marie-Odile Mery et relayé par le blog: les tribulations d'un petit zèbre. Petite précision, ce document un peu ancien parle du WISC IV, test qui était utilisé dans l'évaluation du QI. A ce jour les professionnels utilisent le WISC V qui a subit quelques modifications dans l'organisation des épreuves.
L'objectif de l'accompagnement chez les adultes :
Retrouver : de l'assurance, de l'indépendance comme qualité (en opposition à l'uniformisation) remettre du conflit (en opposition au consensus à tout prix). Progressivement, après avoir travailler sur la restructuration de la pensée, revivre ses affects. Réapprendre à vivre à son rythme une fois que l'on a ré-identifier qui nous sommes. Il s'agit d'effectuer un suivi psychothérapeutique qui peut être long et dont la durée ne dépendant pas du quotient intellectuel, ni de l'intensité des souffrances vécues. Comme tout travail, celui-ci aura comme objectifs de trouver une meilleure qualité de vie et de nouer avec l'être authentique qui existe au plus profond de la personne.
Enfin... tout ce voyage pour dire... plus tôt ces enfants sont repérés, plus tôt on accompagne, plus tôt on informe l'entourage, plus on préserve leurs compétences, leurs joie de vivre et d'apprendre et la qualité de vie de tout le système familiale...
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, le train sort de l'ombre pour retrouver les terres réchauffées de la connaissance. Grâce à ces nouvelles informations, nous avons élargies les voies plutôt que de se perdre à réduire le train à la "bonne" taille...
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